Chorale

22 décembre 2012. Publié par Benoît Labourdette.
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La musique adoucit les moeurs.

Diffusions

Réalisation

Lorsque l’on capte le réel avec une caméra, c’est à dire un outil d’enregistrement mécanique, le mouvement est décomposé en une suite de photos qui, enchaînées sur l’écran à une certaine vitesse (24 images par seconde), donnent l’illusion du mouvement naturel. Nous croyons voir le réel, mais ce n’est que l’illusion réaliste d’une trace captée par une machine. Cette machine a été fabriquée par l’homme. Elle a une façon de capter le réel qui est liée à la culture dans laquelle elle a été conçue. Ce qui nous est donné à voir ressemble sans doute plus à notre culture qu’à une reproduction fidèle de ce que serait, en soi, le réel.

Les images de ce film sont un plan-séquence, c’est à dire qu’il n’y a pas de montage, de « coupures » par rapport à ce que la caméra a filmé. Idem pour le son, qui est une captation par un magnétophone, sans coupure, des mouvements dans la pression de l’air d’un moment donné à un endroit donné. Mais, par contre, les outils de reproduction que j’ai utilisés sont subjectifs, et, à peu près pour la première fois dans ma pratique, je me suis permis de rajouter de la « peinture » de façon très explicite dans les images. Assumer la subjectivité culturelle de la reproduction. Cela dans le but, simplement, de transmettre la vision du monde, subjective, qui est la mienne. C’est à dire enrichir le monde, la banalité du passage, par un train de banlieue, d’une gare à une autre, ce qui prend à peu près la même durée qu’une chanson, dans sa durée actuellement pratiquée (3 à 4 minutes). Ce film est donc ce que l’on pourrait appeler un « clip ».

L’invention du train est à peu près contemporaine, un peu antérieure, à celle du cinéma, et il y a beaucoup de liens entre ces deux machines, dans ce qu’elles changent de notre vision du monde. La technologie du train, c’est la technologie du travelling cinématographique. A bord d’un train, nous sommes spectateurs d’un monde réduit à deux dimensions, de la même manière que devant l’écran de son ordinateur ou de la salle de cinéma. Mais un monde que, par la peinture, j’ai nettoyé de ses référents culturels commerciaux, les affiches publicitaires, qui, comme des fenêtres ouvertes vers un ailleurs, m’ont toujours gêné, dans la tentative d’une relation humaine à un hypothétique réel.

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