Imaginons un instant que ce radiateur est un mur...
L’une de mes volontés, dans ces films, est de construire des bandes sonores en direct pendant la prise, de déplacer la « micro-caméra » pour faire exister des sons en plan séquence.
Ce radiateur soufflant, au bruit discret, m’a invité à l’enregistrer. C’est sans doute un embryon de bande sonore, mais c’est un premier essai. Je prends aussi plus garde aux bruits de manipulations de l’appareil, que j’essaie de réduire au minimum (sauf si je choisis de les exploiter en tant que tels, bien-sûr).
Alors, le cadre ayant été plutôt technique, le sujet n’a pas du tout pu préexister, ce qui est la meilleure situation pour ce projet. Le « danger », le fait de ne pas savoir où l’on va mais de s’ouvrir aux directions que les rencontres proposent, était total.
Le mythe de la maîtrise de l’homme sur le monde est revenu de façon explicite. Ma crainte de la répétition et de l’ennui. Mais au fond, non, c’est une variation sur le thème, et peut-être que cet ensemble de films en train de se faire sont une investigation contre la maîtrise, justement. Un projet de travail sur la « justesse » des choses. Dans cette mesure, il n’est pas anormal que ce sujet de la maîtrise de l’homme figé revienne. L’essentiel est de ne pas verser dans la complaisance. Et si cela affleure de temps en temps, c’est que c’est quelque chose à travailler, justement.