Imaginons un instant que cette affiche est un visage...
Depuis quelques temps, je souhaitais aborder le sujet de la caméra que j’emploie. A vrai dire, j’ai eu l’idée et commencer à tourner cette série de films « Imaginons un instant » il y a trois ans et demi, en 2006. J’ai tourné un certain nombre d’épisodes à l’époque, avec un téléphone portable. J’étais assez convaincu de mon intérêt pour cette démarche, mais je n’étais pas satisfait du résultat, techniquement parlant, au niveau du son. Les micros dans les téléphones sont de petits micros mono omnidirectionnels (pour le moment) qui restituent un son qui peut être tout à fait correct si l’on se trouve dans des situations où l’environnement est silencieux. Mais lorsqu’on est dans un espace rempli de bruits, tous les bruits se mélangent et le son devient difficile à « décoder ».
L’un des principes, dans « Imaginons un instant », est de confronter des paroles au sein d’un contexte réel. Avec les tournages au téléphone, l’écoute des films était désagréable, il fallait tendre l’oreille pour comprendre, c’était la cacophonie... bref, je n’ai jamais montré ces premiers films, car cela ne fonctionnait pas aussi bien que je l’aurais souhaité, et le projet est resté dans les cartons.
A la même époque, en 2006, après de nombreux tests comparatifs, j’avais acheté un des premiers enregistreurs de son à carte mémoire, le Zoom H4. C’est un micro enregistreur, qui produit un son de très grande qualité. Au bout de la main, en allant chercher les sons, on pouvait produire des ambiances sonores d’une qualité incroyable. Il est utilisé de façon très large dans la profession audiovisuelle désormais. Puis est sorti le Zoom H2, plus petit. Et il y a quelques semaines, j’ai appris la sortie du Zoom Q3, qui est doté des mêmes micros que le Zoom H2, mais dans lequel une petite caméra a été intégrée ! C’était enfin l’outil qu’il me fallait pour pouvoir réaliser « Imaginons un instant » !
Dans ce film, j’ai choisi de confronter mon regard et mon texte aux images mouvantes présentes dans la ville, comme une mise en abyme de l’image elle-même. Ce n’est pas habituellement mon point de vue, car justement je cherche une confrontation avec le réel. Les images, publicitaires notamment, qui s’enchaînent sur les murs des villes, sont moins constitutives du réel que les lieux, les bâtiments, les gens... on le voit d’ailleurs dans ce film, au moment où je suis capable de faire disparaître ces images (alors qu’il est plus difficile de faire disparaître un bâtiment, par exemple). Et ce n’est sans doute pas par hasard que, précisément pendant cette question posée à l’image elle-même, la question soit posée explicitement par un passant, qui m’amène à devoir tout dire sur l’objet caméra, jusqu’à son prix. Le sujet s’est approfondi, me semble-t-il, dans la confrontation à la parole d’un autre.