Les géants nous invitent à l’humilité.
(sculpture de Pedro Marzorati, Flers, 2022)
Nous connaissons la figure de la « nature morte » en peinture. Je propose la figure de la « nature muette » en cinéma numérique. Ce sont des tableaux contemplatifs de la nature, pendant cinq minutes exactement, à l’instar des « minutes Lumière » inaugurales du cinématographe en 1895. Ce sont des perspectives, comme autant de fenêtres ouvertes sur la Vie. Elles sont créées de façon organique : la caméra, toujours présente sur moi, ne sort et ne se place que si elle est comme « appelée » par le paysage. Je me mets en état de perception de cette intuition afin que le regard partagé soit juste, jamais forcé, toujours à l’écoute de cette forme de mystère originel avec lequel la nature peut nous mettre en lien.
A quoi sert la contemplation de la nature par le truchement du regard de celle ou celui qui partage sa vision, ou plutôt sa visée ? Cela sert à percevoir de la nature, par le biais du regard de l’autre, une autre richesse, ce que nous n’aurions pas vu seul.e, puisque chaque regard est singulier. Et pour autant, le cadrage est parfaitement fixe, laissant la vie naturelle s’y déployer sans artifice. C’est la dialectique de la contemplation : cadrage singulier et liberté naturelle.