Image’Est : Appréhender les images qui font violence

9 novembre 2016. Publié par Benoît Labourdette.
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Formation sur la façon d’enseigner au sujet des images qui font violence.

Image’Est, Pôle régional d’éducation artistique et de formation au cinéma et à l’audiovisuel, a organisé le 9 novembre 2016 avec le soutien du Conseil régional et de la DRAC d’Alsace Champagne-Ardenne Lorraine une journée de formation sur la thématique « Appréhender les images qui font violence ». Cette journée était destinée à l’ensemble des acteurs de l’action culturelle, de la transmission, de l’éducation artistique et de la formation aux images (enseignants, animateurs, éducateurs, formateurs, médiateurs socio-culturels, médiathécaires etc.).

Comment enseigner sur un sujet tabou et pourtant essentiel ?

Dans ce cadre, j’ai animé un après-midi d’atelier pratique pour que les participants puissent concevoir eux-mêmes des outils d’éducation à l’image adaptés au sujet des images violentes / images qui font violence.

Ces images sont de fait liées à un tabou, celui de la violence. Il est particulièrement difficile de travailler dessus avec des élèves, précisément du fait de ce tabou. Comme, dans le cadre de l’éducation, dont le but est la citoyenneté, on ne doit pas prôner la violence, il est aussi très délicat de montrer ce type d’images. C’est une vraie question éthique (et quid de la réaction des parents...). Mais si on ne fait rien par peur, on ne remplit pas sa mission éducative.

Alors comment faire pour aborder un sujet interdit et pourtant crucial ? Car ces images sont au centre de bien des enjeux essentiels pour les jeunes (représentation de soi, radicalisation violente, etc.). Être normatif et donner un discours moralisateur n’a aucun effet, on le sait.

Il convient donc de construire des outils pédagogiques adaptés, singuliers, pour faire cheminer les jeunes vers une conscience plus fine du pouvoir de manipulation et de nuisance intime, si particulier à ces images. Mais comment ?

Se risquer

Une première approche est de se questionner sur la nuance images violentes / images qui font violence. Une décapitation est une image violente. L’image d’une jeune fille dénudée qui circule dans un collège est une image qui fait violence.

Il m’a semblé, pour que cette journée puisse être vraiment constructive pour les participants, qu’il fallait que chacun se risque à ces images taboues. Mettre en pratique, dans le cadre de la formation, cette prise de risque, afin d’être mieux préparé à pouvoir la prendre avec des élèves.

J’ai donc proposé un atelier par petits groupes. Chaque groupe devait inventer, concevoir, puis présenter aux autres un outil pédagogique pour travailler avec les jeunes sur le sujet des images violentes.

L’atelier s’est déroulé en trois étapes

  1. J’ai tout d’abord proposé à chacun d’écrire sur une feuille de papier dix mots que lui évoquaient le mot « violence ». En regardant ces associations d’idées collectivement, on perçoit déjà à quel point les représentations sont diverses.
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  2. Puis, par petits groupes, conception d’une action pédagogique sur la question des images violentes. Certains groupes ont eu du mal à démarrer, trouvant le sujet trop difficile à aborder. Cette difficulté était l’objet même de la formation : il s’agit de faire faire un cheminement aux participants, afin que chacun travaille à dépasser ses peurs, et ose aborder le sujet. Chercher et trouver par soi-même idées et solutions.
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  3. Et enfin, chaque groupe présentait publiquement son projet aux autres. Je prenais des notes en direct à l’écran dans une mindmap, que voici. Téléchargement des propositions en PDF.
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Texte de présentation de la journée

Cette journée de rencontre, d’échange et de réflexion propose de questionner les représentations de la violence telles qu’elles sont véhiculées par nos écrans quotidiens et d’envisager leur appréhension concrète dans le champ de l’éducation aux images.Face à la prolifération et à la banalisation des images violentes dans notre environnement audiovisuel, quels effets doit-on redouter pour les enfants et les adolescents ? Quels modèles et quels stéréotypes leur sont transmis à travers les représentations d’une violence à répétition ? L’abondance de ces contenus justifie-t-elle une approche renouvelée de l’éducation aux images ? Quand bien même les images violentes ne seraient pas, à elles seules, source de violence, elles peuvent avoir des effets néfastes si les enfants qui les regardent ne leur donnent pas de sens. Analyser ces images, verbaliser ses impressions, s’exercer soi-même à la pratique cinématographique pour appréhender ses mécanismes narratifs, techniques et esthétiques… autant d’orientations qui permettent d’appréhender les images qui font violence à travers le prisme de l’éducation aux images.OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES :À partir de conférences, d’études de cas et d’ateliers, cette journée permettra à chacun de s’interroger sur la nature des images violentes et d’envisager des pistes d’intervention concrètes au titre de l’éducation aux images.

Programme

  • 9H30 – 9H45 : DISCOURS DE BIENVENUE
  • 9H45 – 10H45 : CONFÉRENCE « AUTOUR DE CES IMAGES QUI FONT VIOLENCE ». Par Carole Desbarats, Critique et historienne du cinéma, directrice de la diffusion des savoirs à l’École Normale Supérieure.
  • 10H45 - 11H45 : CONFÉRENCE « QUAND LES FILMS INQUIÈTENT : RÉFLEXIONS SUR LES DISPOSITIFS NATIONAUX D’ÉDUCATION À L’IMAGE ». Par Léo Souillés-Debats, Maître de conférences en Études cinématographiques à l’Université de Lorraine.
  • 12H00 – 13H00 : DÉBAT « CRAINTE ET AUDACE DANS LA PROGRAMMATION DES FILMS JEUNE PUBLIC ». Avec :
    • Léo Souillès-Debat, Maître de conférences en Études cinématographiques à l’Université de Lorraine.
    • Denis Blum, Instance nationale de concertation École et cinéma.
    • Joël Danet, Instance nationale de concertation Collège au cinéma.
    • Modération : Jérôme Jorand, Groupe jeune public AFCAE.
  • 14H00 – 15H00 : PRÉSENTATION D’UN OUTIL PÉDAGOGIQUE, CINAIMANT. Par Karina Bianchi, Chargée de développement à l’Association TILT.
  • 15H00 – 17H15 : ATELIER PRATIQUE. Par Benoît Labourdette, Réalisateur et producteur, formateur et intervenant en éducation à l’image.
  • 17H15 – 17H30 : MOT DE CONCLUSION. Par Carole Desbarats, Critique et historienne du cinéma, directrice de la diffusion des savoirs à l’École Normale Supérieure.

Plaquette de présentation

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Portfolio

Conception et animation de stages de formation professionnelle, dans le domaine de l’éducation aux images, à destination des enseignants, animateurs, responsables de structures éducatives, culturelles et sociales, notamment exploitants de salles de cinéma.

Avec les outils des nouvelles technologies, afin de se « connecter » aux pratiques des jeunes et de les éclairer.