L’image projetée est une piste extrêmement riche pour animer l’architecture, l’espace privé ou public, la scène de théâtre. Je l’expérimente de longue date dans le champ du spectacle vivant ainsi que dans l’espace public. Pour que la vie y soit présente, il est important que l’image entretienne un dialogue, profond et intrinsèque, avec son lieu de projection, qu’elle ne soit pas juste un décor plaqué. Ce qui peut susciter une certaine complexité technique.
La technique du video mapping consiste à adapter de façon très exacte le contenu de l’image avec les surfaces sur lesquelles elle est projetée. C’est ce qu’on utilise dans les son et lumière. Mais, malgré l’interactivité entre l’image et son support de projection, le video mapping est assez souvent relativement froid, en termes artistique et émotionnel.
On peut aussi, dans la tradition du théâtre d’objet, filmer de petites choses qui sont reproduites en grand, comme nous l’avions fait en 2016 pour l’opéra La petite renarde rusée par exemple.
Pour aller plus loin, j’ai démarré en 2018 une démarche de recherche sur la question précise du dessin en direct sur des surfaces avec la vidéoprojection. En utilisant une caméra banc-titre, c’est le dessin qui va, dans le dialogue avec ce qui se passe dans l’espace, intervenir dans ce même espace. Il ne s’agit pas simplement d’un dessin en direct sur un écran, mais d’un dessin sur l’architecture elle-même, en interaction avec ce qui s’y déroule. Cela ouvre, bien plus que le vidéo mapping classique, la porte à l’improvisation. Le dispositif technique peut être simple et léger, et le potentiel poétique très puissant.
Voici quelques images et envers du décor de deux expérimentations :
Je trouve la caméra Ipevo VZ-R, que j’avais mis bien longtemps à choisir, extrêmement pratique, simple et fonctionnelle pour ce type d’usage. Elle a même son éclairage LED intégré. En termes de dispositif technique, comme on le voit sur la première photo, il y a juste à brancher la sortie HDMI de la caméra sur un vidéoprojecteur. Cette caméra est dotée de boutons qui permettent très facilement de régler la luminosité, la netteté, de passer en négatif...
L’image est devenue un langage que tout un chacun « parle » au quotidien, beaucoup plus qu’avant la démocratisation des outils numériques. Ainsi les enjeux des images touchent plus que jamais notre existence de façon très directe, aux niveaux psychologique, sociologique, politique, artistique... Il me semble essentiel de ne pas faire l’économie d’une pensée critique sur les images, leurs technologies, leurs usages. Pour penser, rien de tel qu’expérimenter, chercher, conceptualiser, mettre en commun. Je partage ici des ressources, projets et expériences autour des images, je l’espère utiles, dans les domaines éducatif, artistique, philosophique...