Ateliers de réalisation de films en Réalité Virtuelle dans trois bibliothèques de la Ville de Paris : Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, Bibliothèque de l’Hôtel de Ville, Bibliothèque Arthur Rimbaud.
Dans le cadre de Numok, le festival numérique des bibliothèques de la Ville de Paris (octobre 2018) organisé par Bibliocité, j’ai proposé pour le public trois ateliers de réalisation de films en Réalité Virtuelle, dans trois bibliothèques.
Objectifs
- Découverte des nouveaux médias.
- Développement de la créativité avec les outils numériques.
- Valorisation du patrimoine architectural de la Ville de Paris.
Problématique de la Réalité Virtuelle
La Réalité Virtuelle est une technologie passionnante et importante à explorer dans le cadre de l’action culturelle, pour construire l’esprit critique. Mais elle n’est pas simple à mettre en œuvre :
- en termes de diffusion car le casque est un « écran » individuel,
- en termes de production, car la caméra filme à 360°, tout autour, donc il n’est pas possible d’avoir une équipe technique.
Mais par contre, dans le fond, ce qui se joue dans les enjeux de la Réalité Virtuelle me semble très important, car ces caméras nous amènent à regarder le monde autrement, donc peuvent nous amener à repenser notre rapport au monde. Tout comme avec la caméra Lumière en 1895, ce qui ne semblait être qu’une invention technologique de plus a totalement modifié nos façons de voir et d’être.
Comment, avec un public lambda, en trois heures, proposer une action qui soit créative, constructive et qui constitue une vraie découverte d’une technologie ? Ainsi que productive d’un patrimoine audiovisuel qui puisse être valorisé.
Un atelier innovant
J’ai proposé et expérimenté une méthode basée sur le regard et la créativité. L’atelier s’est déroulé en quatre temps :
- Essais de tournage :
On se présente, on pose les objectifs de l’atelier, je fais en sorte, par des techniques de dynamique de groupe, de créer un groupe soudé. Puis, rapidement, on « passe à l’action », on sort faire des tests de tournage. Chacun prend la caméra et filme un court plan. On ne sait pas ce que cela va donner, c’est une aventure vers de l’inconnu et ce sera une découverte au moment du visionnage. Les participants sont d’emblée investis dans le geste, dans le faire.
- Conception collective :
On regarde ensemble sur grand écran les résultats des tournages : la surprise est grande, on découvre le monde vu en « binoculaire », c’est très stimulant au niveau créatif. Ces toutes petites caméras produisent des images tellement étonnantes que l’enthousiasme est fort. On envisage la caméra VR non pas comme un outil technique qui servirait à illustrer un scénario préalable, mais comme un outil de création, c’est à dire un outil qu’on peut pourquoi pas détourner de son usage initial, un outil qui nous donne de l’inspiration par la découverte de ce qu’il permet de faire. A partir de la joie de cette découverte, je propose une conception collective du film que l’on va tourner, au moyen d’une mindmap collaborative :
- Tournage du film :
On décide d’une fonction précise pour chaque personne : caméra, musique, jeu d’acteur... chacun est autonome, pleinement responsable de sa partie. C’est un moment de cohésion, de confiance, où chacun se risque, moi le premier : en fonction du projet, je peux courir, chanter, danser, lancer des avions en papier... pour ouvrir à la créativité il faut se risquer soi-même, c’est ce qui permet d’autoriser à la fantaisie, de dépasser le jugement pour construire et transmettre une vision joyeuse, ludique, donc au bout du compte un film généreux, c’est à dire un « bon » film. Le film est tourné en plan-séquence, d’où des répétitions précises. Mon rôle est d’être garant du cadre (la bonne fin du film), mais dans ce cadre chaque personne est libre de créer ce qu’elle veut.
- Visionnage du film :
Je tiens la montre pour que nous ayons le temps de regarder le film, en grand en vision binoculaire (une très bonne manière de partager collectivement les films en Réalité Virtuelle), ainsi que dans le casque à 360°. Il fut décidé dès l’étape de conception collective que le film aurait deux versions : une pour les casques et une pour visionnage « à plat » (car très peu de personnes ont des casques). Cette double « entrée » dans le film est très riche en termes de réflexion sur l’image.
Après cette très dense séance de travail et de créativité, le film est mis en ligne et les participants, grâce à un QR Code qu’on leur donne et à un lien qu’on leur envoie par email, peuvent y accéder pour les télécharger et les visionner, à plat ou dans un casque.
Les trois films réalisés
- « Le bateau livre chaloupé » (film collectif, 4’10s, 2018, tourné à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris).
- « Le bruit du livre qui s’ouvre » (film collectif, 4’37s, 2018, tourné à la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville).
- « Mais où est donc Ornicar ? » (film collectif, 6’32s, 2018, tourné à la Bibliothèque Arthur Rimbaud).