Chapitre 4 : L’entrelacement vidéo

6 août 2013. Publié par Benoît Labourdette.
  4 min
 |  Télécharger en PDF

Vous avez peut-être déjà vu ces lignes horizontales très disgracieuses sur des images vidéo, visibles sur les mouvements. Pourquoi les voit-on de temps en temps ? D’où viennent-elles ? Comment s’en débarrasser ?

Il faut, encore une fois, revenir à l’histoire pour comprendre la raison de ces lignes, qu’on appelle l’entrelacement vidéo, et trouver les méthodes pour ne pas, à un moment donné, se retrouver avec ce problème sur ses images.

On a vu que l’image vidéo était formée par un balayage de l’image du haut vers le bas, ligne après ligne. A 25 images par seconde (la moitié des 50 hertz du courant électrique), chaque image est donc balayée en 1/25è de seconde. Il s’est donc passé du temps entre ce qu’il y a en haut de l’image et ce qu’il y a en bas. Cela produit, visuellement, une sorte d’ondulation étrange, plus visible si quelque chose bouge rapidement dans l’image que s’il n’y a pas de mouvement. L’objet aura plus avancé en bas de l’image qu’en haut, puisque le moment où le haut a été enregistré est antérieur au moment où le bas a été enregistré. Les téléphones et les appareils photo d’aujourd’hui produisent tous des images de ce type, comme une sorte « d’ondulation ». On nomme ce défaut « rolling shutter ». Cela peut avoir un certain charme, mais ce n’est pas « normal ». Le phénomène était exactement le même avec la vidéo primitive.

L’idée, très maline, pour que les images de télévision n’aient pas cet effet, a été de balayer l’image en deux fois, de façon entrelacée. Un premier balayage, pendant 1 cinquantième de seconde, s’occupe des lignes paires de l’image. Un deuxième balayage, pendant le deuxième cinquantième de seconde, s’occupe des lignes impaires de l’image. Il y a, bien-sûr, un décalage de temps entre le haut et le bas du balayage, mais le temps de balayage est deux fois plus court, et l’entrelacement des deux fait illusion : l’image reproduite par le téléviseur paraît ainsi « normale ». Les caméras étaient ainsi, et les écrans de télévision cathodique étaient ainsi, avec leur surface fluorescente, qui conservait la « trace » de la demi-image précédente. L’image étant captée, et reproduite, de la même manière, le mouvement était particulièrement fluide (particularité de la vidéo par rapport au cinéma).

Mais, si on regarde, ou qu’on exploite les images de télévision vers d’autres supports, et notamment les supports informatiques, qui, eux, n’ont pas du tout ce procédé de double balayage pour restituer les images, mais nous montrent, comme le cinéma, des images pleines et entières les unes après les autres, alors que fait la machine ? Elle prend ces deux demi-images et les superposent l’une à l’autre. Mais elles sont décalées d’un cinquantième de seconde. Alors, cela donne ce genre d’effet :

JPEG - 57.6 kio

Pour l’enlever, on doit appliquer un filtre dit de désentrelacement, qui, simplement, enlève la moitié des lignes (les paires ou les impaires).

Voici le résultat :

JPEG - 49.5 kio

L’image est redevenue normale sur l’écran de mon ordinateur, mais elle a perdu la moitié de sa définition.

Autres exemples

JPEG - 7.6 kio
JPEG - 5.8 kio
JPEG - 76.2 kio
JPEG - 52.5 kio

Synthèse

  • Vidéo entrelacée : images avec les « lignes », « l’effet peigne ». Dans les caméras, les logiciels de montage, c’est nommé « i » (pour interlaced) : 50i, 60i...
  • Vidéo progressive : images normales, pleines et entières. Dans les caméras et les logiciels de montage, c’est nommé « p » (pour progressive) : 25p, 24p...

Pourquoi voit-on si souvent ce défaut ?

Si vous utilisez une caméra entrelacée (ce qui est le cas d’encore beaucoup de caméras en 2013), mais que vous diffusez votre film sur le web, au cinéma, sur un ordinateur... tous ces écrans sont progressifs, donc vont afficher, ensemble, les deux demi-images, d’où l’apparition des lignes disgracieuses.

Comment faire pour ne plus jamais avoir ce problème

Il faut absolument tourner, et monter, en mode « Progressif ». Il n’y a, aujourd’hui, plus aucun sens à produire en vidéo entrelacée, dans la mesure où tous les écrans sont progressifs.