La singularité

La singularité © Benoît Labourdette.

La « singularité technologique », nommée communément « La singularité » est l’hypothèse d’un futur moment de bascule, situé entre 2030 et 2040, à partir duquel les intelligences des machines surpasseraient l’intelligence humaine, et que le pouvoir sur le monde échapperait alors totalement à l’être humain. Ces hypothèses de la science-fiction sont aujourd’hui en train de se déployer dans notre quotidien. Elles méritent fort d’être mieux comprises, détournées, appropriées, via la création artistique. J’avais dans ce sens démarré un projet transmédia collaboratif « La singularité » en 2016.

Polysémie

Au départ, le terme « singularité » signifie la spécificité, la particularité, l’individualité. Mais il est polysémique. Dans les domaines scientifiques, « La singularité » est le point à partir duquel les règles ne seront plus jamais les mêmes. Par exemple « la singularité gravitationnelle » est l’endroit, à l’approche d’un trou noir, à partir duquel le changement radical des conditions fait que les lois de la physique deviennent complètement différentes, et même inenvisageables. Ou « la singularité mathématique » est le moment à partir duquel une courbe dérive, change complètement de direction. La future « singularité technologique », un moment après lequel le monde fonctionnerait d’une façon essentiellement différente, aujourd’hui inimaginable, adviendrait du fait du changement radical des conditions socio-techniques produites par l’accroissement exponentiel des capacités cognitives et opératoires des machines.

La singularité technologique

Ce phénomène semble être en train de se produire (assistants personnels, voitures sans conducteur, algorithmes pour les rencontres amoureuses, victoire de la machine au jeu de go, choix économiques, évolution du travail, capacité des machines à apprendre par elles-mêmes et à en fabriquer d’autres...). Il fait partie de notre vie quotidienne, ce n’est plus de la science-fiction. Pour ceux qui croient à ce concept, le « moment de singularité » arrivera entre 2030 et 2040, dans une vingtaine d’années. Il est assez vraisemblable qu’il survienne sans que nous nous en rendions compte, car de façon progressive, utile dans notre quotidien et en des modalités et endroits différents en fonction des domaines de la vie.

La science-fiction est du passé

Bien des débats, des publications et des œuvres autour du futur de la relation homme-machine existent, depuis Isaac Asimov, et même antérieurement avec Gaston Leroux ou Karel Čapek. Le cinéma de science-fiction est nourri de longue date de pensées prospectives souvent pertinentes, mais il n’y a pas encore eu à notre connaissance de projet artistique d’ampleur et transmédia (mettant en relation plusieurs formes artistiques et collaborations, dans la complémentarité et dans la durée) autour de cette thématique précise, concrète, d’un moment de bifurcation proche, réel et semble-t-il majeur pour l’ensemble de l’humanité. Ce thème, « la singularité » se situe à mon sens à un endroit des plus prospectifs et innovants, et très concret aujourd’hui, dans tous les domaines (sociologie, psychologie, philosophie, création, industrie…). Il me semble utile de poser des questions, de mettre la pensée en mouvement, par l’action artistique.

Historique

Le sujet concret de la « singularité technologique » naît dans les années 1930 (même s’il n’est ainsi nommé qu’en 1993), puis commence à être développé par John Von Neumann, l’inventeur de l’ordinateur moderne, dans les années 1950, est déjà discuté à l’époque par Jacques Lacan, et est aujourd’hui de plus en plus présent sur la scène médiatique. Des scientifiques de renom, comme Stephen Hawking, luttent contre le développement inéluctable de l’intelligence artificielle. Et à l’opposé, l’un des “fleurons” du développement des intelligences des machines est Ray Kurzweil (qui travaille désormais pour Google et a créé la “Singularity University” en 2008), qui est aussi le concepteur d’une gamme de synthétiseurs (les “Kurzweil”) qui ont nourri la musique pop des années 80 (de Steevie Wonder à Jean-Michel Jarre ou Pink Floyd…).

La création artistique

En tant qu’artistes et en tant que citoyens, créer autour de ces notions, jouer avec la technologie, comprendre les machines, le numérique, puis s’exprimer et partager ces expressions à travers des faits artistiques, prendre de la distance, affirmer sa liberté, sa « singularité », justement, instituer sa place singulière d’humain dans les espaces autant symboliques que physiques, c’est un projet, un travail sur la conscience, qui me semble important et profond, politique au sens très vaste du terme.

Benoît Labourdette, 1er janvier 2018.
Poème en écriture automatique sur « La singularité »
La « singularité technologique », nommée communément « La singularité », le cœur thématique de ce projet transmédia, est l’hypothèse d’un futur moment de bascule, situé entre 2030 et 2040, à partir duquel les intelligences des machines surpasseraient l’intelligence humaine, et que le pouvoir sur le monde échapperait alors totalement à l’être humain. Il n’y a pas de collectif, pas de cité, pas de société, pas de coopération si les singularités ne sont pas encouragées, cultivées. A force de vouloir aller trop vite, l’obsolescence nous guette. Bibliographie raisonnée de notre rapport à l’avenir en 2019. pour les hommes et pour les machines.

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